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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Éclairée par les feux des derniers incendies que reflétait l’eau noire des canaux empuantis de cadavres, la nuit d’été était sinistre, lourde, étouffante même à l’altitude de ce haut plateau. Partout les ruines de ce qui avait été des palais ou de riches demeures, effondrées sur les fleurs et les senteurs des jardins disparus ; partout du sang ; partout la douleur et la mort ! Seuls restaient debout, de part et d’autre d’une large esplanade, le palais de l’empereur et le grand teocali, la pyramide au sommet de laquelle le feu sacré brûlait encore près de la pierre des sacrifices. Là était le sanctuaire de Uitzilopochtli, le dieu suprême représentant le soleil à son zénith. Ses prêtres en tuniques noires s’y pressaient autour de l’autel couvert de sang séché. Épouvantés par l’énormité du sacrilège, ils se taisaient, se contentant de contempler la scène affreuse qui se déroulait en bas, au pied des marches du palais obscur gardé par quelques sentinelles. Devant la masse confuse du peuple survivant, le conquistador Hernan Cortés faisait torturer par le feu le jeune empereur Cuauhtémoc. Pour la plus vile des raisons : le contraindre à faire livrer l’endroit où Montezuma, son beau-père, avait enfoui la majeure partie de son trésor. Un trésor dont on avait eu un avant-goût quelques mois plus tôt, quand, après la mort sans gloire de Montezuma, Cuauhtémoc et le peuple révolté avaient chassé vers la côte les Espagnols, tellement alourdis par leurs pillages que nombre d’entre eux s’étaient noyés dans les canaux ou dans la lagune, tirés au fond par leur charge d’or.
Depuis, ils étaient revenus, mais cette fois la ville qui les avait accueillis jadis avec des présents et des fleurs leur avait fermé ses portes. Il avait fallu assiéger – siège singulièrement rude. Le jeune empereur avait opposé une défense farouche et malheur aux prisonniers qui tombaient entre ses mains ! Ils finissaient sur la pierre des sacrifices, la poitrine ouverte et le cœur arraché pour être offert tout fumant à Uitzilopochtli, après quoi les corps dégringolaient jusqu’en bas du teocali, cependant que les têtes allaient orner les raides degrés de la pyramide…

L’Anneau d’Atlantide

L’Anneau d’Atlantide

En sortant de chez son notaire où il venait de dîner, Aldo Morosini releva le col de son manteau, alluma une cigarette, exhala la première bouffée dont il respira l’odeur avec délices en homme privé depuis plus de deux heures de sa drogue préférée pour ménager les voies respiratoires de son hôte, puis enfonça ses mains dans ses poches et entreprit de réintégrer ses pénates. Maître Massaria habitait au Rialto, sur la riva del Vin, une jolie maison ancienne, voisine du palais Barbarigo et jouissant du privilège, rare à Venise, d’ouvrir sur le large quai où l’on déchargeait jadis les tonneaux venus de tous les ports de la Méditerranée, au lieu, la porte franchie, de se retrouver les pieds dans l’eau du Grand Canal. Le vieil homme appréciait de pouvoir aller s’asseoir, quand cela lui chantait, à la terrasse de l’une ou l’autre des trattorias qui avaient remplacé les anciens entrepôts, afin d’y boire un verre de vin au soleil.
C’était, en effet, un épicurien raffiné goûtant la bonne chère aussi bien que les bons crus et être invité chez lui était un plaisir qu’il réservait à quelques amis éprouvés partageant les mêmes goûts et d’un âge approchant le sien. Aldo Morosini, beaucoup plus jeune, était une exception, le vieux notaire – son étude restait la plus importante de la ville – lui vouait une affection quasi paternelle en mémoire de sa mère, la princesse Isabelle, dont il était tombé respectueusement amoureux à vingt ans sans qu’aucune autre femme ait pu réussir à prendre sa place. Ce qui l’avait condamné à un célibat dont il s’était toujours parfaitement accommodé.

La Chimère d’or des Borgia

La Chimère d’or des Borgia

Atlantique Nord – dimanche 14 avril 1912, ciel clair, mer calme, minuit. Depuis quelques minutes, et quelques heures avant son arrivée à New York, le Titanic, le splendide paquebot de la White Star Line, est frappé à mort et va terminer là une traversée inaugurale qui s’annonçait triomphale. Mais il ne le sait pas encore.
Il y a tout juste vingt minutes que la vigie, Frederick Fleet, a signalé à la passerelle :

La collection Kledermann

La collection Kledermann

Précédé de deux motards de la gendarmerie, pleins phares allumés et sirène hurlante, le chauffeur de l’ambulance fonçait sur Tours, pied au plancher, sachant bien que chaque minute comptait pour le blessé qu’il emportait à travers la campagne plongée dans l’obscurité. Les reflets de l’incendie qui ravageait le château de la Croix-Haute avaient disparu depuis un moment.
À l’intérieur Adalbert Vidal-Pellicorne, assis auprès de la civière, se rongeait les poings, l’œil rivé au visage du blessé dont deux infirmiers ne cessaient de leur mieux de contrôler l’état. Aucun d’eux ne parlait, conscients de ce qu’il était gravissime. La balle avait atteint Aldo Morosini à la tête et la mort pouvait survenir à chaque instant…

Le Talisman du Téméraire (Tome 1)

Le Talisman du Téméraire (Tome 1)

Le 2 mars 1476, Charles le Téméraire, le tout puissant duc de Bourgogne est contraint par les Suisses d’abandonner à Grandson, son camp et les richesses fabuleuses qu’il contient. Un trésor dont le joyau le plus important est peut-être son chapeau de parade couvert de perles dont le «fermail» du sommet se compose de pierres exceptionnelles sur un rang de perles : trois rubis dits «Les Trois Frères» et un gros diamant triangulaire bleuté «Le Grand Diamant de Bourgogne».
Ce fermail qu’il ne reverra jamais, il le considère comme son talisman. Il mourra devant Nancy le 5 janvier 1477… Cinq siècles plus tard, les quatre pierres vont s’appliquer à pourrir la vie d’Aldo Morisini et de son «gang». Il suffira pour cela d’une visite à son notaire et d’un drame dans l’église Saint-Augustin, à Paris…

Le diamant de Bourgogne

Le diamant de Bourgogne

Après » Les Trois Frères «, les aventures d’Aldo Morosini se poursuivent à la recherche de Marie-Angéline, des rubis et du » Diamant de Bourgogne » du Téméraire.
De disparitions en découvertes, de mensonges en révélations, de Paris à la Franche-Comté en passant par la Suisse, le trésor de Charles le Téméraire ne cesse d’entraîner Aldo Morosini et son » gang » dans une folle aventure.
Après avoir réussi à localiser les trois rubis dits » Les Trois Frères «, c’est à la poursuite d’un gros diamant bleuté » Le Diamant de Bourgogne » que se lance notre héros.
Mais Aldo Morosini doit avant tout retrouver Marie-Angéline qui s’est enfui en lui subtilisant le rubis qu’il gardait précieusement…

Le vol du Sancy

Le vol du Sancy

Accusé d’avoir volé le Sancy, célèbre diamant des joyaux de la Couronne de France, Aldo Morosini va vivre la plus dangereuse aventure de sa vie..
Parce qu’elle l’a tiré d’un mauvais pas, sans même s’en rendre compte, Morosini, ravi, a promis à l’insupportable Ava Astor qu’il lui trouverait un diamant » dut-il le voler à la Tour de Londres » ! Il plaisantait naturellement, mais c’était sans compter qu’Ava est aussi sotte que méchante… Peu de temps après, il voit débarquer Ava à Venise : elle vient lui réclamer le célèbre Sancy qui vient d’être volé chez Lord Astor. Comme, naturellement, il ne l’a pas, elle l’accuse de vouloir le garder pour lui et le dénonce… Plus incroyable encore, Lord Astor prétend avoir reçu cette même nuit Aldo, qu’il n’a jamais vu, et qu’il lui a volé le Sancy… Incapable d’accepter pareille situation, et le scandale grandissant, Aldo flanqué d’Adalbert part pour Londres pour rétablir la vérité. Ils vont y vivre l’aventure la plus dangereuse de leur vie…

Un homme pour le Roi

Un homme pour le Roi

Le petit bouquet de genêts et de marguerites glissa des mains d’Anne-Laure et disparut dans la fosse. La dalle de pierre reprit sa place tandis que, faute de prêtre, le vieux Conan Le Calvez murmurait les paroles de la dernière prière : » O Dieu dont la miséricorde donne le repos aux âmes des fidèles, daignez bénir cette tombe… » Les paroles se fondirent dans le silence tandis que Jaouen, avec des gestes presque doux, comme s’il craignait de blesser le petit corps enfoui, s’efforçait d’effacer toute trace d’ouverture au sol de la chapelle. Après quoi, il rabattit le volet de la lanterne. On n’avait plus besoin de lumière.
L’obscurité ne fut profonde qu’un instant. Les yeux s’accoutumaient et puis, par les vitraux brisés, la nuit d’été apportait une clarté suffisante pour révéler les statues décapitées, les armoiries martelées sur le banc seigneurial et des traces d’incendie qui s’arrêtaient à l’autel, curieusement intact avec son petit tabernacle en bois doré. C’était comme si la fureur des hommes était venue buter contre la demeure de l’Agneau, comme si une invisible main leur avait interdit le sacrilège suprême. Souvenir peut-être d’enfances pieuses à la limite de la superstition.

La messe rouge

La messe rouge

S’il n’y avait eu le brouillard jaune, glacé et pénétrant, s’il n’y avait eu l’odeur familière mêlant les fumées de charbon aux relents de vase, Jean de Batz, en débarquant au dock de la Tour dont on ne distinguait même pas les chaînages blancs, eût peut-être douté de se trouver à Londres. L’atmosphère y était à l’opposé de ce dont il avait l’habitude : les Anglais toujours si froids, si distants, voire si méfiants pour ceux qui venaient de France, faisaient preuve à présent d’une incroyable sollicitude. Même l’Alien Office, le pointilleux Bureau des étrangers auquel on avait affaire au moment du passage à Custom House, l’Hôtel de la douane, se montra presque affectueux vis-à-vis du couple d’émigrés âgés, le comte et la comtesse de Saint-Gérand, que Batz avait pris dans son bateau à Boulogne.
Il était normal que leur fragilité, leur visible détresse eussent touché le baron, mais que des fonctionnaires britanniques en tinssent compte, cela tenait du miracle. On s’informa avec beaucoup de politesse de leur nom et de leur situation.

La comtesse des tenebres

La comtesse des tenebres

L’auberge du Vieux-Pélican, située dans la rue du Naye à Saint-Servan, était restée, en dépit des secousses de la Révolution, la plus fréquentée de la toute nouvelle cité [i] que le » proconsul » Le Carpentier avait rebaptisée Port-Solidor après avoir jeté son vieux saint à la mer au propre comme au figuré. Elle érigeait toujours sa solide façade à deux étages de beau granit gris, bâtie en 1724, sur un rez-de-chaussée bouillonnant d’activité et, avec sa vaste cour à laquelle voitures et chevaux accédaient par un passage pavé, ses remises, ses écuries, son puits, son potager, sa cuisine, ses profondes caves voûtées, son cellier, sa porcherie, sa buanderie et ses latrines, elle constituait une sorte de petit Etat dans l’Etat qui ne lui avait pas valu que des jours heureux. Lieu de passage préféré des émigrés en route vers l’île de Jersey et l’Angleterre dans les années 1792, elle avait manqué sombrer dans la grande conspiration du marquis de la Rouerie qui devait attaquer Paris à revers tandis que les Prussiens du duc de Brunswick arriveraient par l’est. Trahi par son » ami » Chevetel, La Rouerie était mort en apprenant l’exécution du Roi et le malheur s’était abattu sur ses fidèles sous les traits d’un certain Lalligand-Morillon, envoyé par Danton à qui Chevetel avait dénoncé La Rouerie. Lalligand s’était installé au Vieux-Pélican dont le propriétaire, le généreux mais imprudent M. Henry, le prenant pour un candidat à l’émigration, s’était mis à son service. Une obligeance qui lui avait valu arrestation, expédition à Paris, retour à Rennes, nouvelle incarcération et finalement relaxe définitive.
Les mauvaises langues insinuaient que cette extraordinaire clémence était due au goût incomparable de ses homards cuits dans la braise dont l’abominable Le Carpentier était friand… Sa femme qui avait tenu l’auberge en son absence ne possédait pas le tour de main.