« M. le maréchal de Contades, commandant de la province, marchait immédiatement après et était suivi de plusieurs officiers généraux et d’une foule d’officiers tant des garnisons voisines que d’anciens qui avaient servi sous le maréchal, parmi lesquels je remarquai le vieux baron Le Fort qui avait été lieutenant-colonel du régiment et qui pleurait comme un enfant à l’enterrement de son père. On y voyait aussi beaucoup d’officiers étrangers, Anglais et Allemands, ayant tous un crêpe au bras.

« Dès la pointe du jour on avait tiré un coup de canon de demi-heure en demi-heure ; pendant la cérémonie on tira trois volées de douze pièces et la garnison fit trois décharges. L’affluence des étrangers et des spectateurs était si grande que le convoi avait peine à passer quoique les troupes formassent la haie. On fait monter le nombre des premiers à près de quinze mille et il eût été bien plus considérable si on n’avait pas fermé les portes de la ville à deux heures après midi.

« Vers les cinq heures, le convoi arrive au temple de Saint-Thomas à la porte duquel étaient placées deux vedettes du détachement. Tout ce temple était tendu de noir, illuminé, orné, en dehors d’un portique et en dedans de décorations funèbres et des armes du maréchal. Le corps ayant été placé sur une estrade devant le mausolée je mis douze dragons tout autour et je déposai le guidon aux pieds ; il faisait une si grande chaleur que cinq dragons se trouvèrent mal ; on les porta dans une sacristie voisine et on les rétablit promptement avec quelques verres de vin.

« Toute la musique réunie de Strasbourg exécuta divers morceaux à une ou plusieurs voix qui furent terminés par un chœur ; ensuite M. Blessig, jeune lévite luthérien, prononça en français l’oraison funèbre dans laquelle il n’oublia pas de faire l’éloge du régiment ; il fut applaudi par un battement de mains général et très long, plus convenable sur un théâtre que dans une église même luthérienne. On descendit ensuite le corps du maréchal dans le caveau qui est sous le mausolée ; il était pour lors sept heures du soir…

« A neuf heures, je me rendis à l’hôtel du prince Max de Deux-Ponts, colonel du régiment d'Alsace, qui m’avait invité et je n’ai jamais vu une orgie (de champagne) pareille ! »

Cette fois tout était dit. Rien ne manquait plus, même le champagne dont Maurice avait été si friand…

Derrière les portes closes du temple Saint-Thomas rendu au silence, à l’obscurité, il paraît cependant vivre encore, sa haute statue de marbre blanc couronnée de lauriers, cuirassée - incroyablement ressemblante ! -, descendant les marches d’une pyramide. Magnifique et altier, le maréchal semble attendre que revienne sur lui le soleil annoncé par la plus belle aurore…

Saint-Mandé, le 14 février 2007

REMERCIEMENTS

Je tiens à dire un grand merci à mon éditeur, Xavier de BARTILLAT, et à son assistante, Judith BECQUERIAUX, qui se sont efforcés de boucher les trous infligés à ma documentation par l’incendie de ma bibliothèque.

A mon ami Vincent MEYLAN qui constitue à lui tout seul une véritable mine de renseignements sur les familles royales présentes ou passées ainsi que sur les joyaux de toutes les couronnes.

Merci, aussi, aux historiens dont les ouvrages m’ont servi de base.

Le duc de CASTRIES pour Maurice de Saxe

Jean-Pierre BOIS pour Maurice de Saxe

Jacques CASTELNAU pour Le Maréchal de Saxe

Charles-Armand KLEIN pour Chambord, écrin des folies du maréchal de Saxe

André CASTELOT pour Les Grandes Heures des châteaux et cités de la Loire

Paul MORAND pour Ci-gît Sophie-Dorothée de Celle

Evelyne LEVER pour Madame de Pompadour

Jean-Christian PETITFILS pour Le Régent

Philippe ERLANGER pour Le Régent

Henri TROYAT pour Terribles tsarines

Pierre GAXOTTE pour Le Siècle de Louis XV

Alfred FIERRO et Jean-Yves SARRAZIN pour Le Paris des Lumières d’après le plan de Turgot.

La ville de Quedlinburg qui a bien voulu envoyer des photographies.

Enfin, un étonnant écrivain :

Le baron Adrien de TRICORNOT, lieutenant-colonel de Schomberg-Dragons, dont les Mémoires à peu près inconnus, parce que tirés à quelques rares exemplaires pour la famille, m’ont permis d’offrir à mes lecteurs un pittoresque « reportage » sur le transfert des cendres du maréchal de Saxe, et font de leur auteur l’incontestable ancêtre des guides touristiques. Il pousse même le souci jusqu’à indiquer les distances entre ses différents points de passage tout au long de ses Mémoires.

Notes

CHAPITRE I

1- Voir tome I : Aurore.

2- Henri Ier l'Oiseleur.

3- Voir tome I : Aurore.

4- Environ soixante mètres.

CHAPITRE II

1- Château familial des Koenigsmark près de Stade.

2- Il n’était pas exceptionnel que la Diète polonaise élise un étranger. Cela avait été le cas du duc d’Anjou, futur Henri III, qui s’était hâté de rentrer en France à la mort de son frère, abandonnant la couronne polonaise. Il y avait eu aussi Etienne Bathory, un Hongrois, sans compter des Suédois.

CHAPITRE III

1- On prête au prince quelque trois cent soixante bâtards, presque autant que de jours dans l'année. Il n’en reconnut que six ou sept.

2- Elle allait tenter de se rallier au parti de Saxe mais sans le moindre résultat et dut même s'enfuir en France où le Régent lui accorda une hospitalité négligente au château de Blois et où elle mourut en 1716.

CHAPITRE IV

1- La Prusse était devenue royaume en 1701.

CHAPITRE V

1- L'Histoire offre parfois de ces rencontres ! Ce Iago-là était bien réel mais ce n’était qu’un comparse sans importance.

CHAPITRE VI

1- Alfred Fierro et Jean-Yves Sarrazin, Le Paris des Lumières, Editions de la Réunion des Musées nationaux relayées par Le Grand Livre du Mois.

2- Rappelons que, dans la guerre contre les Turcs, un contingent français soutenait l’action du prince Eugène.

3- Les nombreux drapeaux pris à l’ennemi décoraient la voûte de la cathédrale.

4- Elle n’en portait plus depuis la mort de son époux. Sauf des perles fausses !

5- Ainsi nommés parce qu’ils se tenaient à gauche et à droite du monarque, à sa « manche ».

6- L'équivalent de colonel.

CHAPITRE VII

1- Le père du célèbre philosophe.

2- L’hôtel de Conti occupait l’emplacement approximatif de la Monnaie.

3- Les Editions Pion y furent fondées en 1852.

4- Ayant épousé en 1735 un certain Louis Daudet, Françoise fut l’aïeule d’Alphonse Daudet.

5- Aujourd’hui rue de l’Ancienne-Comédie.

6- Seul l'Opéra présente encore cette disposition.

7- Il fallut attendre jusqu'à 1757 pour que le célèbre Le Kain débarrasse la scène de ces encombrants parfois odieux.

8- Actuelle rue Visconti. L’hôtel d’Adrienne existe toujours mais ne se visite pas.

CHAPITRE VIII

1- C’est toujours le jardin de l’Infante mais les murs sont devenus des grilles.

2- Le portrait reposait à présent dans le tiroir secret d un petit cabinet de laque.

3- La prédiction se réalisa. Le 13 novembre 1726, Sophie-Dorothée mourait d’une congestion cérébrale à Ahlden après trente-deux ans de captivité, et le 20 juin 1727 George Ier trépassait, frappé d’une attaque après avoir lu la dernière lettre de la prisonnière qui le maudissait et l’assignait au tribunal de Dieu.

4- Il avait acheté une petite maison à Dammartin-en-Goële afin d’y cacher leur amour mieux encore qu’à Paris.

5- Elle fait partie des sept bâtards reconnus, les cinq autres étant son frère cadet, le comte de Cosell, le chevalier de Saxe, la comtesse Rutowska, plus tard comtesse de Bellegarde, et enfin la comtesse Orselska, qui épousera le duc de Holstein-Beck.

6- Alors en Prusse. Aujourd’hui Klaïpeda, port lituanien sur la Baltique.

CHAPITRE IX

1- Le duc de Castries dans l’ouvrage magistral consacré à Maurice de Saxe paru en 1962 affirme : « Cette dépouille, toujours visible… » J’avoue n’être pas allée à Quedlinburg.

CHAPITRE X

1- L'équivalent de général de corps d'armée.

2- James Fitz-James, duc de Berwick, fils naturel du duc d'York, futur roi Jacques II d'Angleterre, et d’Arabella Churchill. Né et élevé en France, il y fera toute sa très brillante carrière. Il fut tué à Philipsbourg.

3- Valet exclusif au service du roi.

4- Troisième fils de George II.

CHAPITRE XI

1- Dans la suite des temps le Piple est passé aux Boulay de la Meurthe. Il est actuellement la propriété du baron Hottinguer.

2- L’année suivante, il sera la terreur de l’Ecosse après avoir battu le prétendant, Charles-Edouard Stuart, à Culloden. Il mourra à Windsor détesté même des Anglais.

3- Il est en quelque sorte l’inventeur de la comédie musicale.

4- Le lendemain, le maréchal enverra à Mlle Metz de magnifiques pendants d’oreilles en diamant.

CHAPITRE XII

1- Elle sera la mère de Louis XVI, Louis XVIII, Charles X, de la reine Clothilde de Piémont-Sardaigne et de Madame Elisabeth, morte sur l'échafaud.

2- … qui sera la grand-mère de George Sand.

3- Ils sont devenus la salle Favart et notre Opéra-Comique.