— Et ? reprit-il.

Une hôtesse annonçait le tout dernier appel pour l'embarquement du vol de Miami.

— C'est mon avion, dit Susan, « Last Call »... Tu te souviens ?

Philip ferma les yeux. La main de Susan effleura sa joue.

— Tu as gardé ton sourire à la Charlie Brown. Descends vite, va la rejoindre, tu en meurs d'envie, et moi je vais le rater si tu restes planté devant moi.

Philip prit Susan dans ses bras et déposa un baiser sur sa joue.

— Prends soin de toi Susan.

— Ne t'inquiète pas, j'ai du métier ! Allez ! Sauve-toi !

Il s'engagea sur la première marche. Elle l'appela une dernière fois.

— Philip ?

Il se retourna.

— Susan ?

— Merci !

Ses traits se détendirent.

— Ce n'est pas moi qu'il faut remercier, c'est Mary.

Et avant qu'il ne disparaisse de son champ de vision, elle gonfla exagérément ses joues pour lui souffler un baiser au creux de la main, lui laissant pour dernière image cette mimique de clown.


Dans le hall de l'aéroport, quelques voyageurs étonnés regardaient une jeune fille aux bras grands ouverts, qui attendait un homme trempé, au bas d'un grand escalier mécanique, dont les couleurs s'estompaient dans la mémoire commune d'un vieux toboggan rouge.

Il la serra tout contre lui.

— Tu es tout mouillé, il pleuvait tant que ça dehors ? dit-elle.

— Un ouragan ! Qu'est-ce que tu veux faire ?

— Finalement, mon avion ne part que ce soir ! Ramène-moi à la maison !

Lisa prit la main de Philip et l'entraîna vers la porte.

Du haut de la passerelle, le visage de Susan s'embellit de tendresse en les voyant tous deux quitter l'enceinte du terminal.


Sur le combiné fixé au tableau de bord de la voiture, Philip composa le numéro de la maison, Mary décrocha aussitôt.

— Elle est avec moi, nous rentrons, je t'aime.


Le 22 octobre, Sam prévint le nouveau directeur du NHC qu'une dépression suspecte se formait en mer des Caraïbes. Quatre jours plus tard, le chiffre 5 s'inscrivit sur son écran devant les trois fameuses lettres S.

Le plus puissant des ouragans du siècle, large de 280 kilomètres, poussait ses vents à plus de 360 km/h en direction de l'Amérique centrale.

Susan était repartie depuis quatre mois. Thomas était entré au lycée, Lisa et Stephen vivaient leurs premières semaines à l'université. Elle emménagerait bientôt dans le petit studio de Manhattan. Philip et Mary parlaient parfois de quitter Montclair pour revenir s'installer à New York.

Mitch aborda les côtes honduriennes le 30 octobre à la tombée du jour. Dans la nuit, les deux tiers du pays furent détruits, quatorze mille quatre cents personnes trouvèrent la mort...


... En cette même nuit, à quelques milliers de kilomètres de là, « de l'autre côté du monde », dans le bar d'un aéroport, un barman mexicain qui finissait son service passait un dernier coup d'épongé sur une table accolée à la vitre.


Merci,

pour leur présence ou leurs conseils,


à Bernard Barrault, Kamel Berkane, Antoine Caro, Guillaume Gallienne, Pauline Guéna, Philippe Guez, Katrin Hodapp, Lisa et Emily, Danièle et Raymond Levy, Lorraine Levy, Rose-line, Jenny Licos, Colette Perier, Aline Souliers, et à Susanna Lea et Antoine Audouard, pour leur généreuse aide documentaire,


à Dany Jucaud, au détective Lucas Miller du NYPD, à M. Hue et à toute l'équipe du Centre des ouragans (CDO).


1 Centre des ouragans.

2 National Hurricane Center.

3 École des beaux-arts à New York.

4 Jeune homme, en hondurien.

5 Orage.

6 Haricots.

7 Plat hondurien.

8 Dernier appel.

9 Unité de police responsable de tous les accès de la ville.

10 Commissariats de police.

11 Équivalence du baccalauréat américain.

12 Célébration du seizième anniversaire.

13 Soir du réveillon.

14 Soirée de fête traditionnelle qui précède la fin du cycle d'études secondaires.

15 7 heures du matin.